Vichy, l'impériale

Au XIXe siècle, Vichy est une station à la mode, fréquentée par les célébrités de l'époque. Mais ce sont les séjours de Napoléon III, entre 1861 et 1866, qui vont entraîner une profonde transformation de la ville : la rivière Allier est endiguée, des parcs à l'anglaise de 13 hectares remplacent les anciens marécages et le long des boulevards et des rues nouvellement tracés, sont édifiés des chalets et des pavillons pour loger l'Empereur et la suite impériale. Les distractions ne sont pas oubliées : un casino de style éclectique est construit dans la perspective du Parc des sources par l'architecte Badger, inauguré en 1865. L'Empereur sera le catalyseur du développement d'une petite station qui, sans apport industriel et sans être placée sur un grand axe routier, va multiplier le nombre de ses habitants et visiteurs par 10 en cinquante ans.



La maire de Vichy

Le chalet de la Compagnie fermière (1857)

Construit par Hugues Batillat pour la direction (et les réceptions) de la Compagnie fermière, gestionnaire des thermes de Vichy depuis 1853, ce chalet à l'angle de la rue du Par cet de la rue Prunelle, face au parc central, sera aménagé en 2007 pour accueillir le restaurant Jacques Décoret, le plus réputé de la ville (actuellement dans le haut de la rue de Paris). Vichy peur être surnommé « la ville des chalets ». Outre ce chalet de la Compagnie de 1857, les cinq chalets impériaux de 1863-1864 (voir ci-dessous), le « chalet des Suppliques » de 1864 au pied du pont de Bellerive, il existe encore à Vichy, datant de la fin du Second Empire : le chalet de la Moskova (9 rue Alquié) et un petit chalet dans les jardins de l'hôtel du Rhône (8 rue de Paris). Deux chalets Second Empire ont disparus : le chalet de l'hôtel des Lilas boulevard Victoria (transformé en résidence à la fin des années 1970) et le chalet Thérapia ex-111 bd des Etats-Unis (remplacé, avec le Quenn's, par le Sofitel-Spa des Célestins en 1993).

La villa Strauss (1858)

La villa Strauss a été construite en 1858 pour Isaac Strauss, compositeur de valses et chef d'orchestre à Vichy. Son architecte est Hugues Batillat qui achèvera en 1867 l'église Saint-Saturnin de Cusset. Napoléon III y a logé lors de ses deux premières cures en 1861 et 1862. Elle est aujourd'hui partie intégrante du restaurant "La Véranda" de l'Aletti Palace, hôtel 4 étoiles, qui la jouxte (à l'emplacement de l'Hôtel des Thermes). Les associations napoléoniennes, locales et nationales, ont plaisir à y déjeuner et à y organiser des colloques historiques.

La galerie Napoléon (1858)

Il s'agit de la galerie centrale de l'ex-établissement thermal de 2e classe construit par l'architecte Charles Badger (1822-1880) en 1858 (date inscrite au fronton), sous le Second Empire (on devrait dire Galerie « Napoléon III », car Napoléon tout court est Napoléon Ier). Il avait donc ouvert trois ans avant le premier séjour de l'Empereur à Vichy en 1861. Le reste des bâtiments a été détruit en 1935 lors de création des Bains Callou qui le remplaçaient. Cette galerie sert aujourd'hui de salle de loisirs (bibliothèque, ateliers, réunions, conférences, jeux) pour les curistes de la Compagnie fermière.



La galerie Napoléon à Vichy

Le parc d'Allier Napoléon III (1862)

Le parc d'Allier (13 hectares de végétaux d'essence rare) a été réalisé dès l'été 1862, à la seconde cure de Napoléon III à Vichy, pour embellir la ville sur une digue longue de 1,5 km et protéger les habitations des crues incessantes de la sauvage rivière. Cet embellissement, réalisé par Radoult de Lafosse, permet la création d'un premier plan d'eau avec l'ajout d'un barrage mobile en 1868. En 1963, un siècle plus tard, le maire Pierre Coulon prolonge la digue jusqu'à un nouveau Pont-Barrage, créant le magnifique plan d'eau actuel. Dans ce parc Napoléon III, il reste deux intéressants bâtiments du parc d'origine : les serres (touchant l'avenue Walter-Stucky) et le « chalet des Suppliques » de 1864, inscrit Monument historique en 1990. Ce petit chalet, dit aussi « de l'octroi » (à tort car il servait de maison au gardien) est visible à l'entrée du pont de Bellerive (un second identique, de l'autre côté de la route, a été détruit pour élargir le pont en 1932). Les services techniques de la ville de Vichy, dirigés par M. Dominique Scherer, organisent, chaque jeudi l'été, des visites passionnantes (et gratuites) de ce parc d'Allier aux végétaux extraordinaires.

 

   

Le parc Napoleon III à Vichy

La gare (1862)

A sa première arrivée à Vichy le 4 juillet 1861, Napoléon III avait dû descendre du train à Saint-Germain-des-Fossés, à 10 km de la station thermale. A son retour le 11 juillet 1862, la gare de Vichy est achevée... Il arrivera et repartira ainsi du centre-ville en 1862, 1863, 1864 et 1866. Cent-quinze ans plus tard en 1977, la gare est agrandie, mais sa façade est défigurée et en partie masquée par un affreux bardage métallique bleu. Des travaux prévus en 2007, dans le cadre d'un « Pôle intermodal », doivent redonner à cette gare impériale son bel aspect d'origine.

 



La gare de Vichy, spécialement construite pour la venue de l'Empereur à Vichy

 

Les chalets impériaux (1863 et 1864)

Les chalets dits « impériaux » ou « suisses » sont construits par Jean Lefaure en 1863 et 1864, également architecte de l'église Saint-Louis. C'est dans le premier chalet impérial de 1863, appelé aujourd'hui "Villa Marie-Louise" (le plus beau des cinq restants : au numéro 109, de couleur ocre), qu'eut lieu le lundi 27 juillet 1863 la fameuse scène avec Eugénie, suite à "l'histoire du petit chien" de Marguerite Bellanger, maîtresse de Napoléon III et présente avec lui à Vichy. Furieuse d'une preuve aussi éclatante de l'infidélité de son mari, l'impératrice quitta la ville le soir même pour n'y jamais plus revenir !
 

   

Les chalets construits pour Napoléon III à Vichy

 

Les maisons anglaises (1864)

Ces « maisons anglaises » ont été construites en 1864 pour loger les dignitaires et officiers accompagnant l'Empereur. Situées rue Alquié (entre le parc central des Sources et le parc Napoléon III bordant l'Allier), elles gardent un charme incomparable avec leur bow-windows.



Les maisons anglaises à Vichy

Le casino (1865)

Le casino d'origine est construit par Charles Badger, l'architecte des bains de 2e classe en 1858. Il est inauguré le 2 juillet 1865, le même jour que l'église Saint-Louis, en l'absence de l'Empereur. La façade nord, côté parc avec terrasse et véranda, présente les cariatides des « quatre saisons » sculptées par Carrier-Belleuse et des volutes recevant horloge et baromètre, portés par des petits amours. La salle centrale salle des fêtes (actuel salon Napoléon III) a vu ses plafonds décorés par Jules Petit. Il y a aussi, à l'arrière du Casino donnant sur la rue de Banville, un théâtre, magnifique salle rouge et or de 1.200 places. Ce théâtre Napoléon III sera transformé en salle de jeux en 1899. Les jeux quitteront le Casino à la fin des années 1980 pour s'installer, en face, au Grand café qui remplace La Restauration construite en 1870). Mais il reprendra une physionomie de théâtre en 1995, pour servir de lieu de conférences et de réunions sous le nom d'Auditorium Eugénie (496 places). A l'emplacement de la salle actuelle de théâtre-Opéra (construite seulement en 1901), avait été édifié en 1866 un charmant kiosque à musique. L'ensemble du Grand Casino (Casino de 1865 et théâtre de 1901) a été rénové en 1995 pour servir de « Palais des Congrès », le seul de France établi dans un site classé Monument historique.
 

  

Le casino et l'opéra de Vichy           
Les orgues de l'église Saint Louis à Vichy

L'église Saint-Louis (1865)

Le jeudi 4 juillet 1861, Napoléon III arrive à Vichy pour sa première cure. Le dimanche 7, il se rend à la messe dans la minuscule église Saint-Blaise où le curé Louis Dupeyrat lui réclame « un temple digne de Dieu ». Le décret du 27 juillet 1861 prévoit la construction d'une nouvelle église. Celle-ci, construite par Jean Lefaure (l'architecte des chalets impériaux), est ouverte au culte sous le vocable de Saint-Louis le 2 juillet 1865 en l'absence de l'Empereur non venu à Vichy cette année-là (« Qu'on livre sans délai l'édifice au culte », avait-il demandé). Les neuf vitraux du choeur représentant les saints de la famille impériale sont dus au réputé Antoine Lusson qui avait rénové les vitraux de la Sainte-Chapelle. Lors de son dernier séjour de 1866, l'Empereur découvre enfin son oeuvre en assistant à deux messes : le 29 juillet avec de nombreux dignitaires, puis le 5 août avec le Prince impérial. L'église s'est enrichie en août 1915 de la peinture murale « à la gloire de Saint-Louis » d'Alphonse Osbert (1857-1939) et en 1944 de la statue de « Saint Louis juvénile » due au sculpteur cussétois Raymond Rivoire (1884-1966).

 
 



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