La mort du Prince Impérial

Peu à peu, l'ennui s'installe à Camden Place. Bien que Louis soit invité aux bals, réceptions, évènements, etc...
de la vie aristocratique, il rêve de gloire militaire. Le Prince Impérial souhaite partir pour prendre part à des actions militaires. Louis demande à combattre au Tonkin, c'est un refus net du gouvernement de la République.
De même, que sa demande à l'empereur d'Autriche pour combattre en Bosnie-Herzégovine contre les Turcs. C'est alors qu'une nouvelle incroyable arrive en Angleterre le 11 février 1879 : Aux confins de l'Afrique du Sud, au bord de la rivière Tugela, le 22 janvier, les Zoulous ont, en moins d'une heure, surpris, attaqué et tué huit cents soldats et trente officiers de l'armée britannique. C'est la défaite d'Isandhlwana.

 

L'Afrique australe et le pays Zoulou
 
Le Prince Impérial s'embarque à Southampton (sud de l'Angleterre), sur le Danube qui fait voile vers Le Cap où il arrive, après une courte escale à Madère, le 26 mars. L'accueil qui est fait au Prince Impérial à Durban est incroyable. Les circonstances de son voyage ont été largement commentées dans lapresse locale, on sait qu'il vient se joindre aux troupes anglaises pour la durée de la campagne.

Il y a dans la province de Natal 300.000 cafres et 20.000 colons, et c'est avec enthousiasme que ces derniers acclament la venue dans leur lointaine contrée d'un jeune homme qui porte un nom aussi illustre et qui vient mettre son épée au service de leur cause. Le lundi 31 mars, toutes les maisons de la ville sont pavoisées ainsi que les bateaux du port. Lorsqu'en fin d'après-midi, Louis pose le pied sur le quai, sanglé dans son uniforme qu'il vient de revêtir, des salves d'artillerie saluent son arrivée comme celle d'un souverain. Très ému par cet accueil,
il salue de la main toute une ville qui l'acclame.

A priori, les Français n'ont aucun liens avec la Guerre Anglo-Zoulou de 1879, mis à part la participation du Prince Impérial Louis Napoléon. Pourtant, certains se sont engagés comme volontaire ou cherchent à faire fortune…
a plupart sont d'anciens vétérans des guerres impériales (Crimée, Italie, Mexique, etc...). Il y a un autre français dont on parle beaucoup à l'état-major général de l'armée anglaise. C'est Laparet, l'ancien cuisinier de Lord Chelmsford. Ce cuisinier est soldat dans l'âme. Il a toujours suivi Lord Chelmsford dans ses randonnées au Zoulouland, et, si on lui demande la raison, il déclare sans ambages que c'est "par amour de la guerre".
C'est un soldat confirmé. Il participera au désastre d'Isandhlwana où il meurt au champs d'honneur. Laparet est donc un souvenir évoqué toujours au camp anglais avec la plus sérieuse estime.

Un autre français est remarqué, le volontaire Grandier. Originaire de Bordeaux, il a fait la Guerre de 1870 sous les ordres du colonel de Montauban, avec lequel il a été pris à Sedan (2 septembre 1870). Après avoir servit dans l'armée de Versailles contre la Commune, il est allé au Cap chercher fortune dans les diamants et plus tard dans les mines d'or. N'ayant pu réussir dans ces deux tentatives, il décide de s'établir à Pretoria comme tailleur de pierres. C'est de là que lui est venu l’idée de combattre dans les rangs des Anglais. Capturé par les Zoulous,
il est emmené à Ulundi. Il réussi à s'évader et à rejoindre un camp anglais après avoir suivi la voie lactée.

L'heure du premier combat va sonner. Alors qu'il suit une partie de la colonne volante du général Wool, conduite par le colonel Buller, il réussit le 14 mai à s'adjoindre à une patrouille d'une douzaine d'européens et d'une douzaine de bazoutos commandés par le major Bettington, vigoureux quadragénaire parfaitement entraîné,
pour remplir une mission de reconnaissance qui va durer plusieurs jours.

Le 16 mai, un groupe de Zoulous est repéré sur la crête d'une colline vers Itelezi, mais en voyant la patrouille, ils disparaissent. Lorsque le Lieutenant-colonel Redvers Buller se retourne vers son altesse impériale, il ne voit que celui-ci brandir son épée et partir à la poursuite des Zoulous. Cependant, le zèle du Prince risque de remettre en question le but de la mission. Aussi, Buller décide t-il d'envoyer des troupes pour protéger et rattraper le Prince Impérial. Louis revient dégoûté de ne pas avoir combattu. Buller sermonne le Prince, et rappelle à ce dernier qu'il doit obéir aux ordres: "Votre Altesse Impériale, ceci est une mission de reconnaissance, pas une chasse aux Zoulous!". Le Prince admet son erreur. Puis, toute la mission regagne la colonne volante. Malgré cet incident, Louis est de nouveaux autorisé à partir pour une nouvelle incursion.

Le 21 mai, sous un ardent soleil, on découvre, au sommet d'une colline, les toitures arrondies d'un Kraal. Bettington, qui a la décision rapide, n'hésite pas à attaquer, bien qu'il paraisse occupé en force.

Louis lance son cheval à l'assaut dans l'étroit sentier abrupt et plein de pierres qui roulent sous les sabots. Inconscient des coups de fusils que les Zoulous, malhabiles aux armes à feu, tirent, il arrive sur le plateau.
Les balles sifflent, mais il ne semble pas les entendre. Par bonheur, le feu plongeant des Zoulous ne blesse personne. Aux côtés de Bettington, le Prince charge, le sabre haut levé, le beau sabre que Napoléon portait à Elchingen, et que lui a donné, avant son départ de Chislehurst le petit-fils du maréchal Ney. Les ennemis sont mis en fuite, mais on en a tué quelques-uns.

Quelques reconnaissances permettront rapidement au prince, bien escorté, d'essuyer quelques coups de feu, en particulier le 21 mai, lors de l'attaque d'un kraal, durant laquelle il fit preuve de tant de vaillance que ses camarades, en souvenir, décident de baptiser celui-ci le "kraal Napoléon". Louis, dont les talents de dessinateur sont connus, doit aussi faire des plans de fortifications pour l'État-major. C'est un travail sérieux et le Prince s'y applique.

Au soir du 30 mai 1879, le colonel Harrison, donne au prince une mission de reconnaissance à effectuer le lendemain matin, jour de la Pentecôte. Il s'agit, sous la protection d'une petite escorte, de repérer, au pied du mont Itelezi, le prochain lieu de campement de la division et de faire les relevés topographiques indispensables. L'escorte, commandée par le capitaine Carey, assisté du sergent Willis, sera formée de cinq hommes de troupe et conduite par un indigène rallié ( tous appartenant à la cavalerie irrégulière du Natal) :
le caporal Grubb, les soldats Cochrane, Letocq, Abel et Rogers. La consigne du colonel Harrison à Carey est claire : "You will look after the prince" ("Vous veillerez sur le Prince").


Le 1er juin au matin, le groupe quitte le camps et après plusieurs arrêt, décide de mettre pied à terre dans un Kraal (village) abandonné prés d'un cour d'eau, l'Imbazani. Les herbes hautes qui entoure le kraal cache la vue tout autour. C'est alors qu'un des hommes qui faisait le guet aperçoit des zoulous tout proche ! Le départ est alors immédiatement ordonné quand soudain une cinquantaine de zoulous jaillirent à l'assaut du groupe. C'est la panique ! Louis tente de partir également alors que deux anglais ont été tué et que les autres ont pris la fuite
sans avoir respecté l'ordre du colonel Harrison, de protéger la prince. Parmi eux, le capitaine Carey, chef de l'expédition. Le prince essaie de s'accrocher à la selle de son cheval "Fate" (destin), mais celle-ci se rompt.


A noter, que la rumeur selon laquelle le Prince ne put s'acheter une selle neuve à cause d'une mère avare est fausse. Le Prince a gardé cette selle de cheval par raison sentimentale: elle appartenait à son père, Napoléon III.

Le prince est alors seul face aux zoulous. Dans sa chute son sabre, celui offert par le Prince d'Elchingen, lui a échappé mais il réussit, de la main gauche, à tirer trois coups de pistolet sur ses assaillants, qui ne sont pas atteints, tandis que de son bras droit, meurtri par son cheval, il tente de repousser les sagaies qui pleuvent sur lui. Percé de 17 coups, tous reçus par devant, il s'écroule, mort.

Le Prince repose actuellement à l'abbaye de Farnborough en Angleterre aux cotés de ses parents, l'Empereur Napoléon III et l'Impératrice Eugénie morte en 1920. Des obsèques militaires solennelles en présence de la Reine Victoria, furent célébrées. Cette église fut construite sur demande de l'Impératrice Eugénie en remplacement de celle de Chislehurst car elle était devenue trop petite. Elle s'adressa à l'architecte Gabriel Destailleur qui la construisit entre 1883 et 1888.


 
Le testament du Prince Impérial (1856-1879), fils de Napoléon III.

"Je désire que mon corps soit déposé auprès de celui de mon père, en attendant qu'on les transporte tous deux là où repose le fondateur de notre Maison, au milieu de ce peuple français que nous avons, comme lui, bien aimé."
 
Louis rédigea son testament la veille de son départ. Il désigne le fils du Prince Jérôme Napoléon, le Prince Victor comme le nouveau chef de la maison impériale comme un pied de nez à "Plon Plon".

Une statue en bronze se trouve toujours de nos jours devant l'académie militaire de Sandhurst (Les académies militaires de Woolwich et Sandhurst ont fusionné en 1947). Une croix celtique est installée sur le common de Chislehurst et un gisant dans l'abbaye Sainte Mary à Windsor. Des rues et des avenues portent le nom du Prince Impérial.

Par ailleurs, Il y eu des négociations pour ériger un monument à la gloire du Prince Louis-Napoléon, petit-neveu de Napoléon Ier, là où repose les héros britanniques à Westminster et ce sur l'initiative de la Reine Victoria. Une souscription fut même levée par un journal anglais. Malheureusement le projet fut arrêté à cause des protestations du Parlement.

L'Impératrice Eugénie se rendit en Afrique du Sud en 1880 pour voir l’endroit ou est tombé son fils. Elle resta plusieurs jours, dans des conditions difficiles, à chercher le lieu de la tuerie. On raconte qu'un parfun de violettes l'a guidé jusqu'à l'endroit précis ou son fils agé de 23 ans est tombé sous les sagaies de l'ennemi.

 
 
 



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