Un nouvel Empereur pour la France

Elu aux élections à l'Assemblée Constituante

Le prince se présentera aux élections partielles du 4 juin, qui succéderont aux émeutes parisiennes du 15 mai en raison de l'aggravation de la crise économique et sociale. Louis-Napoléon sera triomphalement élu dans les départements de la Seine, la Corse, la Charente Inférieure et l'Yonne. Son élection sera validée le 13 juin par l'Assemblée. Louis-Napoléon, qui renoncera à siéger le 16, sera ainsi épargné par les évènements de juin. Il se représentera aux élections partielles des 17 et 18 septembre dans huit circonscriptions. Il sera réélu dans les quatre départements qu'il avait remportés en juin, ainsi qu'en Moselle. Il frôlera le succès dans l'Orne et obtiendra une honorable seconde place dans le Nord. Le prince s'installera à l'hôtel du Rhin, place Vendôme, le 24 septembre. L'Assemblée décidera de l'élection du président de la République au suffrage universel. Le 9 octobre, le républicain Thouret déposa un amendement interdisant la candidature aux membres des familles ayant régné sur la France. Cet amendement sera retiré et la loi d'exil des Bonaparte de 1832 sera définitivement abrogée.

Le prince annoncera sa candidature le 26 octobre. Il obtiendra le soutien de la plupart des notables du parti de l'Ordre : Odilon Barrot, Molé et surtout Thiers persuadé qu'il avait affaire "à un crétin que l'on mènera". Le prince prendra position pour l'amnistie des condamnés politiques, l'allègement des impôts, de la conscription, les grands travaux pour lutter contre le chômage, la création d'institutions de prévoyance sociale, des modifications de la législation industrielle. Il obtiendra 74 % des suffrages exprimés (55 % des inscrits) lors de l'élection du 10 décembre, contre 19,5 % à Cavaignac et 5 % à Ledru-Rollin. Il ne sera devancé que dans quatre départements de Bretagne et de Provence en raison du refus de ralliement des légitimistes. Un quart de son électorat proviendra de l'extrême gauche. Louis-Napoléon obtiendra la majorité dans les départements "rouges" du Limousin, du Périgord, du Centre, du Dauphiné et, à un moindre degré, en Bourgogne, dans le Lyonnais et à Paris. Le bonapartisme s'implantera également dans des zones jadis rebelles comme la Normandie, la Picardie occidentale, les marges armoricaines et l'Est aquitain. De nombreux paysans verront en lui le candidat des bleus contre les blancs et les rouges.

Election à la Présidence de la République

Louis-Napoléon prêtera serment à la Constitution le 20 décembre 1848, sans approuver la durée trop courte du mandat présidentiel et son non renouvellement, ainsi que le strict régime de séparation des pouvoirs. La première partie du mandat sera assez terne. Louis-Napoléon, contesté par le parti républicain, confiera le gouvernement aux notables du parti de l'Ordre, notamment à Odilon Barrot. Les partisans du prince n'obtiendront que peu de places sur les listes du parti de l'Ordre aux élections législatives de mai 1849.

Louis-Napoléon prendra l'initiative d'ordonner aux troupes françaises du corps expéditionnaire envoyé à Rome, de répondre à l'accrochage du 30 avril avec les soldats de la République romaine. Par une lettre publique au colonel Ney en poste à Rome, il condamnera la politique réactionnaire de l'administration pontificale. Le ministère Barrot, en difficulté, se désolidarisera du président et Falloux démissionnera, entraînant la défection des catholiques. Louis-Napoléon en profitera pour congédier Barrot et nommer un ministère extraparlementaire sans président du Conseil. Grâce à son demi-frère Morny, qui formera le parti élyséen, le prince nommera un gouvernement comprenant des personnages comme Rouher, Parieu et Fould. Il revendiquera sa responsabilité personnelle dans la conduite des affaires, tout en manifestant sa volonté de gouverner avec le concours de l'Assemblée. Cette dernière ne réagira pas.

La majorité conservatrice tentera en vain, à la faveur de la mort de Louis-Philippe le 26 août 1850, d'opérer la réconciliation entre légitimistes et orléanistes. Certains orléanistes songeront à la candidature du prince de Joinville à la présidence de la République, en prélude à une régence de la duchesse d'Orléans. Le parti élyséen de Morny récupérera alors d'anciens membres du parti de l'Ordre et de légitimistes déçus.

Louis-Napoléon multipliera les revues militaires à l'automne. Elles se transformeront en manifestations bonapartistes malgré les ordres de Changarnier, commandant de la division de Paris et de la Garde nationale, de pousser des cris sous les armes. Le général Neumayer, qui tentera de sévir contre les soldats qui n'avaient pas respecté les consignes de silence à la revue de Satory, le 10 octobre, sera destitué par le président. Ce dernier destituera également Changarnier le 9 janvier 1851, qui menaçait de faire appel à la force armée à la demande du président de l'Assemblée. Cette dernière votera une simple motion de blâme contre le ministère, le 18 janvier. Louis-Napoléon pourra ainsi entreprendre, au printemps 1851, la procédure légale de révision constitutionnelle. Malgré le soutien du peuple et l'appui d'un groupe favorable à l'Assemblée, cette révision ne réunira que la majorité absolue et non celle des trois quarts qui s'imposait pour être adoptée.

Le coup d'Etat

Le matin du mardi 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier en 1804 et de la victoire d'Austerlitz en 1805, les Parisiens découvriront sur les murs de la ville deux proclamations, adressées à la population et à l'armée. Le président de la IIème République, Louis-Napoléon Bonaparte, y annoncera la dissolution de l'Assemblée législative, qui refuse de modifier la Constitution de 1848 et l'empêche de solliciter un nouveau mandat présidentiel en 1852 . Il invitera le peuple de France à lui donner mandat pour rédiger une nouvelle Constitution, lui permettant de se maintenir à la tête de l'Etat avec des pouvoirs accrus.

Le "oui" obtiendra 76 % des inscrits lors du plébiscite des 21 et 22 décembre 1851, le "non" 6 %.

Le second Empire commence donc véritablement le 2 décembre 1852, après un coup d'Etat plébiscité par plus de 7,5 millions d'électeurs. Empereur il l'était ! Mais il était temps pour lui d'avoir à ses cotés une Impératrice qui plaise au pleuple sur lequel elle était appelée aussi à régner et qui lui donnerait la descendance qui lui permettrait d'assurer l'avenir de la dynastie. Il épousa donc le 30 janvier 1853 à Notre Dame de Paris, la jeune Eugénie de Montijo, comtesse de Teba, fille d'un grand d'Espagne. L'Empereur à la fin de sa vie, aimait à dire qu'il était resté tel qu'en sa généreuse jeunesse, qu'il n'avait en montant sur le trône, rien changé de ses opinions : "J'étais un socialiste, je le suis encore."

En fait, il était surtout "social" en un temps où ceux qui se penchaient sur la misère des déshérités étaient volontiers traités de songe-creux. Son livre, De l'extinction du Paupérisme, médité, écrit dans la solitude du fort de Ham, témoigne d'une hardiesse qui étonne. Sa politique d'urbanisme n'est pas seulement à base de magnificence, mais aussi d'hygiène, matérielle et morale. Le désir d'améliorer les conditions d'existence de la classe ouvrière qui transparaît toujours dans son oeuvre, sa législation ouvrière inspirée par lui trouvent leur point de départ dans le spectacle de la misère, à Londres, puis des funestes effets du chômage, aboutissant aux troubles sociaux de 1848. Tout l'immense épanouissement économique du Second Empire, à coté de la prospérité matérielle, de l'enrichissement, porte la marque d'une volonté tenace, orientée vers le mieux-être de tous et surtout des moins favorisés.

On aurait mauvaise grâce, quand on aborde l'Empereur Napoléon III, à négliger un des traits les moins connus, mais les plus tenaces de son caractère : la générosité du coeur. Il est à l'initiative de nombreuses actions dans le domaine de la santé, comme la création des Asiles Impériaux du Vésinet et de Vincennes (actuel hôpital National de Saint-Maurice) de l'hôpital militaire de Saint Mandé (actuel hôpital Bejin) qui venaient en aide aux ouvriers accidentés, où encore à la création des "Sociétés de Secours Mutuelles" ancêtre de nos mutelles santé d'aujourd'hui. Jamais, fût-ce au faîte de sa puissance,il n'oubliera un service rendu, aux temps difficiles. Sa bonté, tous la reconnaissent, et ceux-là même qui n'en sont point les bénéficiaires. Une bonté qui n'est pas seulement aumônière, mais faite de compréhension.

Napoléon III savait qu'un souverain ne peut estimer sa tâche faite, son devoir accompli par des libéralités, des subventions, des secours. C'est au mal profond, à l'injustice sociale, à la misère générale qu'il doit s'attaquer. Tout le temps de son règne, comme avant d'accéder au pouvoir, il ne cessera de se pencher sur ces problèmes, s'effoçant de toujours trouver davantage et mieux pour ceux qui travaillent, pour ceux qui souffrent. Socialement parlant, Napoléon III est un précurseur...

Napoléon III, est encore aujourd'hui, l'homme qui a dirigé la France le plus longtemps depuis la révolution (1789) : son règne commence en 1852, pour se terminer en 1870. Sans compter les quatre années pendant lequel il a exercé sont mandat de Président de la République entre 1848 et 1852...

Cela fait en tout 22 ans au service du pouvoir politique français... Un record inégalé !

 
 



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