Le musée chinois de l'Impératrice Eugénie

A quelques occasions près, dont la réception des ambassadeurs de Siam en 1861, Fontainebleau n’est pas, sous le second empire le théâtre d’une vie officielle très importante. Les souverains se rendent à Fontainebleau au début de l'été, juin et juillet, avec quelques amis choisis. Les distractions y sont fort simples : promenade en forêt, ballade sur le lac, soirée de conversation qu’appréciait fort Eugénie…



Le musée chinois de l'Impératrice Eugénie

 

L’emplacement choisi fut le rez-de-chaussée du gros pavillon construit en 1750 par Ange-Jacques Gabriel. Cet espace comprenait cinq pièces. Sous le second empire, l’Impératrice eut l’idée de créer une série de pièces qui permettraient de profiter de la situation exceptionnelle dont jouit cette partie du château qui s’ouvre de plain-pied sur l’étang et le jardin anglais et exposé au sud.

Pour obtenir ces pièces destinées à la détente, Eugénie prit personnellement en main les travaux des transformations. On créa donc trois pièces : une petite antichambre obscure permettant la sortie sur le corridor de l’aile Louis XV, le salon-galerie, grande pièce de quatorze mètre sur sept, ouverte par quatre fenêtres et deux portes-feneêtres donnant sur la cour de la fontaine et sur l’étang. Ce salon communique par une grande arcade sur le musée chinois proprement dit, vaste pièce composée de trois fenêtres donnant sur la cour de la Fontaine.



Le salon -galerie de l'Impératrice Eugénie

 

Les travaux furent commencés et réalisés en mars 1863 et furent achevés le 15 mai. Ce fut un véritable tour de force, car en même temps que la réalisation des locaux eux-mêmes, le mobilier impérial réalisait les aménagements intérieurs, tentures murales, rideaux, portières, tapis, sièges, vitrines… Tout fut près pour le 2 juin 1863, jour d’arrivée de la cour.

Dès le lendemain, Eugénie elle-même, aidé du personnel du palais, mettait en place le contenu de quinze caisses contenant les objets d’art orientaux et les pièces de tailles exceptionnelles arrivées la veille dans trois gigantesques fourgons.



La femme arabe de Charles Cordier 1862

 

Le 14 juin eut lieu une inauguration privée des nouveaux salons.

Dans l'antichambre étaient exposés les palanquins et parasols siamois. Le salon-galerie qui contenait deux billards était dominé par deux oeuvres modernes : la femme arabe, sculpture en marbre onyx d'Algérie et métal argenté de Charles Cordier et le fameux tableau de Winterhalter : l'Impératrice entourée de ses dames d'honneur. Le musée chinois présentait l'essentiel des objets chinois. Pour rappeler les collections de laque de Marie-Antoinette, l'Impératrice avait fait orner les murs de panneaux de laque alternativement fond noir et or dépecés de deux paravents chinois du XVIIIème siècle provenant du garde-meuble.

Sont aussi présents des défenses d'éléphants, de rhinocéros. Barbedienne imagina à partir d'un couvercle de brûle-parfum l'étonnant lustre chinois, de même qu'il équipa de bouquets de lumière les grands vases et flambeaux de temple en émaux cloisonnés.



Les vases et flambeaux équipés de bouquets de lumière

 

Entre les séjours de la cour, les salons furent ouverts au public. Seuls les visiteurs habilités étaient autorisés à y pénétrer. Les photographes n’y avaient pas accès, mais dans le même temps c’était l’étape obligée des voyages officiels.



Panneau de laque à fond d'or, Chine, XVIIIème siècle

 

Cela dura jusqu’en 1870. A la chute de l’empire, et après des tractations qui durèrent jusqu’en 1881, les biens propres de l’Impératrice furent remis à son mandataire. Le musée fut équipé de vitrines et ouvert au public comme les autres parties du château, mais non pas tel qu’il avait été créé par l’Impératrice. Tout le mobilier de salon de ces pièces, sièges, tables, tapis, fut enlevé. De nouvelles vitrines furent apportées et les collections complétées par des objets qui se trouvaient jusque là dans le cabinet de travail de l’Impératrice. Le musée chinois, version « troisième république » resta en l’état jusqu ‘en 1975 où il fut décidé de gros travaux. Ces remises en état se firent entre 1984 et 1991. Et le parti retenu a été de présenter les quatre salles, antichambre, salons et musée chinois, comme elles l’étaient du temps de l’Impératrice Eugénie avec ce curieux mélange de meubles modernes et d’objets orientaux.



Paire de vases en or repoussé datant du XVIIIème siècle

 

La seule œuvre importante qui manque est le magnifique tableau de Winterhalter qui appartenait en propre à l’Impératrice et qu’elle avait fait accrocher dans le salon-galerie, dans l’axe du grand salon. Resté à Fontainebleau jusqu’en 1881, il fut rendu à l’Impératrice, vendu en 1927 quelques années après sa mort, racheté alors pour le musée de la Malmaison, il est actuellement exposé à Compiègne.



Replique de la couronne des rois de Siam offerte à Napoléon III

 
 



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